À propos

Ceci est un blog qui regroupe la plupart des textes que j’ai écrits depuis que j’ai été convaincu par la vision marxiste de la société. Depuis le temps, j’ai logiquement changé d’avis sur certains points, et sur certains sujets c’est flagrant (j’essaie de le signaler quand c’est le cas, tout en gardant les textes comme témoins de mon cheminement).

La plupart des textes ont été écrits en tant qu’articles militants (pour le NPA et/ou la TC). Certains sont des positions qui tout en étant « politiques » sont secondaires et n’ont pas à être endossées par un parti voulant s’adresser largement. Certains avaient plutôt une forme brouillonne et une fonction de défouloir. Certains ont été écrits pour défendre des idées trop à contre-courant pour pouvoir être publiées dans ce cadre.

En particulier, sur certains sujets liées à l’écologie et à la technique (trop souvent opposées), ou aux rapports entre sciences humaines et sciences de la nature (trop souvent opposées), j’ai vu mes désaccords avec le NPA grandir au fil du temps.

Julien Varlin


Mon cheminement politique en bref

Ma première manifestation a été contre la guerre en Irak de 2003. Sans doute un moment où je passais d’une courte période pseudo babos pacifiste vers un anti-impérialisme un peu plus énervé.

Avant 2008 j’étais très « confus », même si je me disais d’extrême gauche. Je me politisais essentiellement en cherchant sur internet, parfois en récupérant des publications gauchistes dans des manifs, mais toujours en me méfiant des partis. Sans doute par une certaine peur de finir dans une ambiance sectaire, aussi beaucoup parce qu’aucun ne me semblait vraiment attirant. J’étais attiré par un certain romantisme révolutionnaire dans les mouvements autonomes, mais rebuté par leurs aspects plus nihilistes, violents et peu constructifs. J’étais « décroissant » et j’essayais de vivre le plus sobrement possible, tout en étant convaincu qu’il faudrait bien plus que ça pour changer la société. Je me sentais proche de l’anarchisme, mais je trouvais pertinente la critique des « communistes » selon laquelle on ne pouvait pas arriver d’un coup au communisme / anarchie. J’étais conscient que Staline ça n’était pas Marx, et que le mot de communisme avait injustement été sali, mais le « Parti communiste français » ne m’a jamais attiré. Et je sentais confusément qu’il n’y avait plus rien à sauver du Parti socialiste. J’étais marqué par un certain « altermondialisme ambiant », ne voyant pas bien où se situaient les grands clivages idéologiques pertinents dans le vaste spectre allant des autonomes qui faisaient des Zones autonomes temporaires à des notables antilibéraux se réunissant périodiquement aux Forums sociaux mondiaux.

C’est bien sûr parce que je suivais ça de trop loin, mais aussi, et ça je l’ai compris rétrospectivement, parce que ce petit monde de la « gauche radicale » n’est lui-même pas clair, et c’est bien la faiblesse de l’extrême gauche de ne pas chercher réellement à porter une alternative révolutionnaire crédible. Le slogan fédérateur était « Un autre monde est possible », mais derrière ce qui était souvent le dénominateur commun de l’analyse de « la mondialisation », c’était le réformisme d’ATTAC. Je me rappelle avoir lu un manifeste de la LCR (le seul parti qui m’intéressait un peu, LO me paraissant dans le formol), qui s’intitulait « Un autre monde est nécessaire ». Soit il n’affichait pas de différences très saillantes avec l’antilibéralisme, soit elles n’étaient pas assez claires pour quelqu’un d’extérieur – ce qui est problématique dans tous les cas.

En 2005 j’étais pour le « non » au référendum sur la constitution européenne, par opposition au néolibéralisme économique. Et j’avais un certain espoir lorsque je voyais une possibilité qu’après la campagne victorieuse, il y ait une candidature unitaire de la gauche antilibérale en 2007. De l’extérieur, j’ai juste eu l’impression que ce qui a fait capoter la tentative était l’incapacité des différents chef·fes de partis à mettre de côté leurs égos. Il y avait un peu de ça, mais aujourd’hui je considère que le simple « antilibéralisme » (qui ne remet pas en cause le capitalisme) est une chimère, et que cela aurait été une profonde erreur de servir la soupe au PCF qui lui-même finit toujours par se renier. Mais à l’époque je n’avais pas cette grille d’analyse. Je « sentais » que la LCR d’Olivier Besancenot était « plus radicale » que Marie-George Buffet, mais ça m’apparaissait au fond comme des différences un peu lointaines, sur l’objectif final, qui n’empêchaient pas d’entamer la sortie du néolibéralisme maintenant. Cela aurait été plus éclairant pour moi et certainement pour d’autres, que la LCR ait été capable de maintenir vivant un « communisme révolutionnaire », plutôt que d’être dans un suivisme permanent des antilibéraux réformistes.

Suite au succès de la campagne Besancenot de 2007, et à l’appel à former un nouveau parti en 2008, j’ai approché ce Nouveau parti anticapitaliste. C’était un moment étrange, où les réunions étaient annoncées publiquement dans des cafés, et où toutes sortes de gens venaient avec leurs idées confuses, dont moi. Je repense à certaines phrases de gauchiste sans colonne vertébrale que j’ai pu dire à ce moment-là, et je me dis que le moi d’aujourd’hui aurait sans doute peu de patience pour discuter avec le moi de cette époque. Mais en réalité, j’avais besoin qu’on m’apprenne des choses.

Parmi l’ancien noyau dirigeant de la LCR, il y avait en réalité peu de capacité à entraîner les nouveaux·elles arrivant·es derrière un projet cohérent de parti. Il y avait toute une frange complètement matrixée par l’antilibéralisme qui n’allait plus tarder à rejoindre le Front de gauche (dont la dynamique derrière Mélenchon est apparue peu après celle du NPA, pour vite la dépasser). Et parmi les autres, y compris le noyau plus à gauche des ex-JCR, s’il est inconcevable d’aller chez Mélenchon, il y avait peu de fond politique pour justifier à une échelle large pourquoi il fallait préférer rester dans une force d’extrême gauche plus petite. Il y a certes plus de principes (et tout ce que cela comporte de positif, l’internationalisme, de sincérité dans la lutte contre les oppressions…) et de « pureté militante » (et tout ce que cela comporte de négatif, de posture) au NPA, mais ceux qui n’étaient motivés que par ça pouvaient partir vers les groupes anarchistes ou autonomes. Le noyau dirigeant du NPA continuait son déclin inexorable. Après avoir attiré des milliers de militant·es lors du souffle de la création, le parti allait en quelques années redescendre au niveau de la LCR. Mais ce retour au même niveau quantitatif s’est fait simultanément à un changement qualitatif : alors que l’ancien noyau dirigeant de la LCR s’est profondément divisé et qu’une bonne partie a quitté le NPA, la « gauche du parti » a progressé, lentement, mais de façon suffisante pour être notée. Cette « gauche » (morcelée en différentes tendances / fractions, dont une bonne partie venait de groupes extérieurs à la LCR ayant rejoint le processus de fondation du NPA) a d’inombrables défauts, mais il y a quelque chose de clair, c’est qu’en moyenne elle a un peu plus su recruter des jeunes, parce qu’elle a un peu plus su leur offrir des perspectives.

Pour ma part je suis tombé dès le début du NPA (hasard) sur des camarades de la Fraction l’Etincelle (groupe exclu de LO), qui m’ont proposé ce que le magma des réunions de la fondation du NPA ne pouvait pas m’offrir, une formation politique au marxisme (la majorité avait déjà depuis longtemps beaucoup laissé tombé les formations dans la LCR, en plus au début du NPA prévalait une logique de « on n’a rien de spécial à transmettre, on va tout redéfinir ensemble »). Je dois à l’Etincelle une vraie découverte du marxisme, avec des réunions de formation régulières, qui m’ont permis d’avoir une idée générale de la conception matérialiste de l’histoire, de l’histoire du mouvement ouvrier et du socialisme, et à travers tout ça, le pourquoi du comment il fallait construire un parti révolutionnaire.

En passant, à ce moment-là je me suis dit :
1/ Que la politisation par internet a ses limites : elle ne permet pas de profiter directement de l’expérience des militant·es organisé·es qui se sont en moyenne bien plus confronté·es aux problèmes concrets rencontrés dans les luttes, et qui cherchent à aller vers une influence de masse.
2/ Que les idées communistes révolutionnaires n’avait quasiment aucune visibilité sur internet, et que même si c’est en partie un reflet de l’affaiblissement (et du vieillissement) militant, améliorer cette visibilité serait aussi un moyen de toucher bien plus largement que les personnes à qui nous pouvons directement distribuer des tracts et des journaux papier… C’est donc à ce moment-là (mai 2010) que j’ai eu envie de lancer le site Wikirouge.net.

A la création du NPA, il fallait bien gérer tout l’éclectisme ambiant. Cet éclectisme était généré à la fois par la confusion idéologique des primo-militant·es et par les divergences présentes entre les militant·es issu·es du trotskisme, mais dont certains courants étaient devenus hésitants entre réforme et révolution. Cela a été géré non pas en assumant les désaccords principaux et en les formulant clairement pour les trancher, mais en réalisant par le haut des synthèses floues, avec des formules assez vagues pour contenter tout le monde. Au congrès de fondation, tou·tes les figures importantes du NPA se sont mises d’accord autour d’une seule plateforme et de principes fondateurs flous. En fait beaucoup pensaient que le NPA avait un boulevard à gauche du PS et du PCF en déclin, et qu’on pouvait continuer sur la bonne lancée électorale sans trop se prendre la tête.

Mais cet attelage ne pouvait pas fonctionner durablement. Très vite, Mélenchon a fondé le PG, a poussé le PCF à s’autonomiser un peu du PS en formant le Front de Gauche, et cela lui a permis d’occuper un terrain qui ne pouvait évidemment pas rester vide, celui de la gauche réformiste (maintenant que le PS était devenu un simple parti bourgeois d’alternance). Aussitôt est apparu une question pressante : s’allier ou pas avec ce nouveau courant ? Avec la fondation vaseuse sur laquelle s’est construite le NPA, il n’avait aucune raison fondamentale de dire non. Lors des élections régionales de 2010, le NPA a fait des alliances ou pas selon les régions, sans rien trancher nationalement (ce qui allait devenir sa marque de fabrique). Le résultat a été que le Front de Gauche commençait à se faire identifier comme alternative au PS (modestement, vu l’abstention à plus de 50%), tandis que le NPA apparaissait comme une force sans consistance, plus radicale pour les observateurs ou les travailleur·ses ayant fait l’expérience de vraies luttes, mais au fond assez similaire puisque se retrouvant sur les mêmes listes électorales dans beaucoup d’endroits. L’hémorragie militante a fatalement commencé. Des militant·es partaient au Front de gauche puisqu’au fond ils pensaient que le réformisme pouvait à court terme améliorer la vie de la population dans les élections, d’autres partaient vers des groupes anarchistes sentant confusément un manque de radicalité, et beaucoup d’autres cessant peu à peu de militer, ne voyant pas de perspective. Evidemment, chaque sensibilité à tiré un diagnostic différent du problème. Pour la majorité et les sensibilité les plus favorables à des alliances avec le Front de gauche, c’était avant tout parce qu’il y avait des « gauchistes sectaires qui font fuir les gens » que le NPA perdait du monde. Pour d’autres comme l’Etincelle, c’était surtout parce qu’il n’y avait pas assez de travail militant pour aller diffuser des tracts devant les entreprises et s’implanter.

A ce moment-là j’ai rencontré (là encore avec beaucoup de hasard) des militant·es de la Tendance Claire (TC), qui appelaient à constituer une tendance révolutionnaire la plus large possible dans le NPA (y compris avec beaucoup de dirigeant·es qui n’avaient pas fait de vague lors du congrès de fondation, ceux de l’Etincelle et de ceux d’A&R). Une première rencontre des sensibilités qui étaient contre les alliances électorales avec le FdG était annoncée en mai 2010, et cette tendance semblait un objectif crédible. J’ai signé un texte impulsé par la TC allant dans ce sens.

Plusieurs facteurs m’ont alors poussé dans les bras de la TC :
1/ Les autres dirigeants se sont montrés très frileux pour aller vers cette tendance commune. Je découvrais que cette sensibilité « de gauche » du parti, était composée d’énormément de petits groupes (futur ACC et A&R, futur DR, GA, La commune, Etincelle…) avec un entre-soi inversement proportionnel à leur capacité à faire de la politique publiquement et ouvertement.
2/ Ils se sont dans l’ensemble montrés extrêmement sectaires envers la TC, refusant qu’elle participe au comité d’animation issu de cette première rencontre.
3/ Ils en restaient essentiellement à un dénominateur commun de refus des alliances électorales, ce qui est totalement insuffisant pour sortir de la crise du NPA, en l’absence de la redéfinition en positif d’un projet révolutionnaire.
4/ A l’inverse, la TC portait une critique globale et convaincante des faiblesses du NPA, et cherchait réellement à diffuser (à sa petite échelle) des éléments d’actualisation du marxisme nécessaires pour refonder rationnellement un projet communiste (clarté dans la caractérisation des forces bourgeoises / réformistes, critique de l’analyse kéynésienne de la crise ominiprésente dans la « gauche radicale » y compris dans le NPA, critique des slogans impuissants comme « interdiction des licenciements » si l’on ne met pas en avant l’expropriation des entreprises…).
5/ Une partie de la direction du NPA (composée en majorité de gens qui sont ensuite partis au FdG) a soumis une motion au congrès pour exclure la TC, avec tout un dossier rempli de calomnies. Motion heureusement repoussée par une large majorité du NPA. Inévitablement dans ces cas-là, cela a eu tendance à « souder » autour du groupe menacé, ce qui a forcément eu un impact sur moi.
6/ Et également, petit à petit, j’ai découvert dans la TC une fertilité des débats et une culture de la liberté de discussion qui à mon sens n’existait pas dans les autres sensibilités, par autocensure et suivisme des aînés. Par exemple malgré tout ce que je reconnais comme qualités aux camarades de l’Etincelle, je trouve qu’on retrouve dans cette organisation un héritage négatif de LO, celui de perpétuer le marxisme comme une somme de connaissances sur le passé, mais très peu comme un outil vivant. On voit rarement, ou avec beaucoup trop de retard, l’Etincelle utiliser le marxisme pour parler d’écologie ou de l’Union européenne, de racisme ou d’hétérosexisme, etc.

J’ai donc milité avec la Tendance Claire de 2010 à 2019. J’y ai appris énormément. A la fois sur le fond, avec des années pendant lesquelles j’ai réellement eu la sensation de progresser dans ma compréhension de beaucoup de sujets politiques, dans la confrontation / collaboration avec les idées des autres. A la fois sur la forme, puisque cela m’a rendu beaucoup plus à l’aise pour exprimer des pensées (le militantisme est aussi une école !). J’ai beaucoup appris sur la psychologie des groupes aussi, avec de nombreuses expériences parfois amères (la mauvaise foi dans les débats, les attaques ad hominem ou ad personam en permanence, les personnes qui votent par suivisme alors même que les arguments de leurs chef·fes sont claqués au sol, etc.).

Le CCR (Révolution permanente). En 2010, quand j’ai commencé à être sympathisant, les quelques militant·es qui plus tard formeraient le CCR (puis Révolution permanente), et qui étaient une poignée à ce moment-là, faisaient partie de la TC. Je n’ai pas le coeur de rentrer des micro-détails insignifiants ici, mais ce que je peux dire, c’est que j’ai eu une très mauvaise expérience avec le noyau dirigeant du CCR. Je les ai vu chercher par tous les moyens à obtenir une influence sur un maximum de personnes, pour façonner un type d’organisation que je trouve très malsaine (une forte dépendance affective envers les leaders, qu’on ne peut plus remettre en question dans ces conditions), et user de tous les moyens pour monter les néo-converti·es contre les militant·es qu’ils·elles voulaient écarter. Cela a conduit à de fortes tensions qui les ont conduit à quitter la TC pour faire leur propre groupe. Sur le fond, les différences politiques étaient peu marquées [même si je dirais que les positions du noyau dirigeant de la FT sont d’un dogmatisme effrayant (la Corée du Nord est un État ouvrier dégénéré, la Chine n’est pas impérialiste…) qui découle du fait qu’il ne faudrait surtout pas avoir l’air de contredire Trotski.] Ce qui m’a le plus marqué dans cette affaire, c’est l’idée qu’il puisse y avoir une décorrélation au moins partielle entre l’axe réformiste/révolutionnaire et l’axe « avoir une morale » vs « tous les moyens sont bons pour se construire ». Et je dois dire que l’efficacité relative avec laquelle le CCR / RP s’est construite dans les années qui ont suivi m’ont rendu plus pessimiste sur notre capacité à lutter pour l’émancipation du genre humain.

En 2018-2020, un processus de fusion avec d’autres camarades a eu lieu pour se dépasser en une nouvelle tendance, l’Alternative révolutionnaire communiste (ARC). On peut dire que c’est un demi-succès, parce que cela a donné naissance à quelque chose de qualitativement différent, rajeuni et féminisé. Mais ça a aussi été un demi-échec, parce que cela a conduit à un déchirement dans l’ancienne TC, dans laquelle j’ai vu apparaître un raidissement et un repli sur soi que je n’aurais jamais pensé voir. Les conflits que cela a fait naître ont été très pénibles et ont coincidé de mon côté avec des soucis personnels, et tout ça sur fond de perte de sens (la lutte pour transformer le NPA, après tant d’années, n’a pas donné grand chose) a fait que je me suis largement désinvesti du militantisme.

Mais je pense toujours que les militant·es du NPA sont parmi celles et ceux qui ont le rôle le plus progressiste dans ce pays, malgré tous les défaut du NPA en tant que parti.

Dans tous les cas, j’encourage quiconque cet avis peut intéresser à ne pas militer seulement sur internet, et à au moins engager la discussion avec des militant·es d’organisation. Certes il y a de gros défauts aux logiques d’organisation, notamment parfois une coupure vis-à-vis du milieu non militant, et de fortes inerties qui rendent difficile la remise en question dans le groupe. Mais il y a aussi toute une mémoire d’expériences passées au sein des organisations. Trop de bonnes volontés surestiment le pouvoir des idées et, il faut le dire, surestiment l’originalité de leur pensée. On est plus modeste quand on élabore collectivement. Enfin et surtout, un des symptomes de notre époque, c’est l’individualisme, qui touche y compris beaucoup de gens politisés. Il faut rappeler que le mouvement est plus fort que l’individu. L’union fait la force, la base.

Le drame est que l’on manque ces dernières années de victoires remportées par les luttes des opprimé·es et des exploité·es, pour refaire cette démonstration de la force collective. On ne peut qu’espérer, et il est raisonnable de le pronostiquer, qu’il y aura de nouvelles explosions sociales qui feront relever la tête à des centaines de millions de gens. Mais l’expérience historique montre aussi que le spontanéisme n’a pas le pouvoir à lui seul de franchir tous les obstacles et les conservatismes en un seul assaut, et que les organisations sont fondamentales pour transformer la révolte en révolution, et plus modestement, pour faire en sorte que des défaites ou des victoires partielles servent à faire progresser la conscience de larges milieux en lutte. L’état idéologique dans lequel sont les organisations quand elles sont heurtées par des mouvements spontanés est donc un facteur clé. C’est une raison de plus de ne pas snober le combat d’idées, de ne pas rester attentiste.

3 réflexions sur “À propos

  1. Oui mais là, il y a un problème: Pourquoi le NPA plutôt que la France insoumise ou Force Ouvrière?

    Ce blog a brillamment démontré qu’il n’y avait pas forcément de contradiction entre le transhumanisme et les idéaux marxistes: Tout en dans les nuances. Or, quelle est la position du NPA sur le sujet? Je soupçonne qu’il y a une majorité d’opposants au transhumanisme [1], motivés en partie par les critiques de Luc Ferry [2], chantre du transhumanisme [3]. Jean-Luc Mélenchon, lui, est beaucoup moins modéré sur le sujet transhumanisme [4]. Dans « l’Avenir en commun », il propose quand même de « soutenir la recherche publique sur l’humanité augmentée ». Voilà qui est parlé!

    Donc, en étant logique avec lui-même, pourquoi un transhumaniste marxiste devrait-il adhérer au NPA, malgré tous ses défauts, plutôt que de rejoindre la France insoumise qui a beaucoup plus d’influence politique?

    [1] https://tendanceclaire.org/breve.php?id=25857
    [2] http://www.revolutionpermanente.fr/Le-philosophe-Luc-Ferry-qui-meprise-Poutou-n-est-pas-proche-de-Fillon-pour-rien
    [3] https://www.babelio.com/livres/Ferry-La-revolution-transhumaniste/829010
    [4] http://biosphere.blog.lemonde.fr/2016/12/14/jean-luc-melenchon-un-technophile-avere/

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  2. Ah c’est une vaste question… Mais pour donner une réponse brève : la France insoumise n’est pas une organisation marxiste, contrairement au NPA et à Lutte ouvrière (Force ouvrière est un syndicat). Le programme de la FI est antilibéral, et non anticapitaliste ( https://tendanceclaire.org/article.php?id=1175 ). Il n’y a pas de volonté chez Mélenchon de socialiser (ni même, plus modestement, de nationaliser) les grands groupes. Il prétend régler la crise économique par un « pôle public bancaire » (un objet très flou qui cohabiterait avec les banques privées). C’est ce que nous, marxistes, appelons des illusions réformistes. Le NPA et LO estiment qu’il est nécessaire de nationaliser sous contrôle des travailleurs et de la population, les banques et les grandes entreprises.

    Effectivement Mélenchon a un discours assez technophile, même s’il est loin d’avoir une grande rigueur scientifique, comme lorsqu’il s’affiche avec un partisan de la biodynamie (https://www.leprogres.fr/jura/2015/09/11/vendanges-cinematographiques-dans-le-jura-pour-jean-luc-melenchon), liée à la secte de l’anthroposophie (que par ailleurs il dénonce chez les autres… https://www.lesinrocks.com/2017/05/19/actualite/la-nouvelle-ministre-de-la-culture-est-elle-vraiment-proche-dune-secte-comme-la-dit-jean-luc-melenchon-11946671/ )…

    Je regrette que le NPA soit globalement bioconservateur. Lutte ouvrière l’est moins, mais elle s’intéresse trop peu à l’écologie pour être convaincante. Bref, tout ça n’est pas idéal, mais c’est ainsi. Je soutiens l’Association française transhumaniste, en même temps que je milite au NPA. Je suis convaincu que si nous aidons à la victoire d’une société plus juste, les humain·e·s de demain seront moins anxieux et anxieuses vis-à-vis des nouvelles technologies. C’est un effet indirect, mais fondamental. Sans cette dimension, les transhumanistes risquent de devenir aigris à force de ne pas comprendre les opinions populaires.

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  3. Merci pour ces explications!

    Donc, si j’ai bien compris:
    -La France Insoumise veut une économie « hypersociale » de marché. Une sorte de « menchévisme de phase initiale » à la Française en somme.
    -Le Nouveau Parti Anticapitaliste et Lutte Ouvrière veulent une économie socialiste de tendance trotskyste. Un « bolchévisme » modéré?

    Désolé si je fais des confusions mais je n’ai jamais pu lire d’étude comparative poussée des différents partis dit d’extrême-gauche.

    Soit dit en passant, il me semble que l’Association Française de Transhumanisme (AFT) est partisante d’une social-démocratie à tendance marxiste et non d’une économie post-capitaliste. Je trouve même que, jusqu’à une époque récente, elle n’était que très nominalement SOCIAL-démocrate. Leur seule mesure en faveur des droits sociaux consistait à s’engager à soutenir la syndicalisation et l’action syndicale. Les autres mesures sociales étaient certes égalitaristes mais elles relevaient plus de la promotion des libertés de moeurs. Ces propositions « sociales »-là relevaient de l’imposture en ce sens qu’elles étaient déjà défendues par l’Extropian Institute, une organisation qui versait carrément dans l’anarchocapitalisme.

    C’est aussi pour cela que, bien qu’étant capitaliste je le confesse, je mise sur les technomarxistes pour stimuler l’élaboration de doctrines transhumanistes plus sociales. J’ai en effet le sentiment que l’AFT s’est longtemps contentée de prendre des postures (peu crédibles), d’être des technolibertariens de fond qui tentent de masquer leurs « verrues » idéologiques sous un vernis « technoprogressiste ».

    De fait, les leaders de l’AFT ne faisaient rien de concret pour l’émergence d’un transhumanisme social mais servant (involontairement?) de caution morale aux technolibertariens déclarés: « Voyez, le transhumanisme n’est pas forcément ultralibéral » donc les « bioconservateurs de gauche » sont bien des technophobes. Puis la gauche radicale s’est emparée du débat avec Mélenchon et les accélérationistes de gauche: Une relève du cosmisme était en train d’émerger. Maintenant, l’AFT semble se remuer « le popotin » sur les questions sociales parce qu’ils réalisent qu’il y a une alternative transhumaniste aux technolibertariens … et qu’il y a des chances pour que ce ne soit pas eux. Merci la gauche radicale.

    Je me réjouis que le marxistes entrent dans la danse et j’aimerais émettre une requête: La publication d’un article qui décrirait l’univers de Star Wars juste avant l’élection de Palpatine si l’économie socialiste y prédominait sur l’économie capitaliste. C’est que je me suis toujours demandé à quoi ressemblerait Mos Eisley, par exemple, si son économie avait été socialiste. Bien sûr, il y a Star Marx mais c’est une oeuvre burlesque.

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